Horizon #1, 2019
Tirage à l’agrandisseur sur papier RC d’aprés négatif 4x5 inch
118 x 94 cm
Édition 3 + 1EA
Vue d'installation
Exposition - Orizzonti Rosso - Pm23, Fondation Valentino Garavani et Giancarlo Giammetti, Rome, 2025
Le crépuscule infini
Cette installation photographique constitue une oeuvre totale. Elle forme le dépassement des
contingences techniques, exprime au-delà de l’image le sentiment de la vision pure, elle
constitue enfin le chant optique qui conjure la fin de l’Histoire.
Cet immense tirage couleur, inédit dans l’histoire contemporaine des procédés photochimiques
artistiques, transforme la chromie du papier photosensible en une substance imageante. Elle est
une présence perçue, une matière étirée en horizon. L’oeuvre a été réalisée avec probablement
les deux derniers rouleaux de papier Kodak de ce format existant encore dans le monde. Elle
ne sera plus jamais réalisable dans les mêmes conditions, elle est unique et définitive. Elle est
l’ultime sursaut d’une technologie du XXe siècle. L’oeuvre est devenue une relique précieuse
: elle est ainsi inaugurale (inédite) et testamentaire. Sa valeur infinie est née de ce cycle qui
enroule l’histoire de l’art sur elle-même, indifférente au progrès, elle abolit le temps car elle
témoigne de la possibilité des retours. On pourrait qualifier cette oeuvre de « néo-analogique ».
Thomas Paquet travaille depuis des années les formes et les substances de l’horizon. Ses
photographies ne sont pas des prises de vue du réel, mais l’expérimentation des qualités
photosensibles des chimies photographiques. Tout est dans « le photographique », conçu
comme un monde en soi, de lumières, de couleurs, de substances et d’imaginaires. Le papier a
été insolé par un ruban de leds programmées selon un rythme précis pour obtenir des nuances
qu’aucune autre technologie ne peut fournir. Comme un savant alchimiste, Thomas Paquet a
construit son système, il s’est entouré des meilleurs techniciens, en informatique comme en
laboratoire argentique. Il a trouvé au studio du Fresnoy l’une des dernières développeuses
couleur de ce format. Le tireur Diamantino Quintas a permis la réalisation d’une opération
acrobatique, dans le noir, qui a consisté à « passer » d’immenses lés de papier dans la machine
au rythme des projections lumineuses du dispositif programmé par Benjamin Sonntag, greffé
en avant de la développeuse. Rien ici n’est high-tech, tout le processus a été imaginé sur le
mode d’un fab-lab pour répondre à une commande d’exception : des tirages de plus de 10
mètres analogiques couleur qu’il a fallu ensuite rigidifier tout en conservant la souplesse
nécessaire pour épouser la courbe de la salle ovale de la Fondazione Valentino Garavani e
Giancarlo Giammetti. Et cela grâce à un contrecollage de surface (Diasec) réalisé par le meilleur
atelier de Paris (Atelier Image Collée), suivant en cela l’intuition du galeriste Thierry Bigaignon.
À certains égards, la production de l’oeuvre est un véritable cas d’école.
En peinture comme en teinture, le rouge a été la première couleur que l’homme ait maîtrisée.
Elle est le début de la couleur, elle est aussi la couleur des révolutions, au sens propre du terme :
la couleur de ce qui revient à son point d’origine. Le crépuscule est l’instant étiré qui achève la
course du soleil et réchauffe déjà les lueurs de l’aube. L’histoire de la photographie est
exactement à ce point : les créations les plus contemporaines enchantent l’obsolescence des
techniques. Ce magnum opus de Thomas Paquet ne peut être comparé qu’à ce qui serait une
lamelle monumentale de la pierre philosophale. Elle a le mystère d’un récit épique et inspire
une paix contemplative.
La référence à la salle du musée de l’Orangerie, qui accueille les derniers Nymphéas de Monet,
vient à l’esprit : dans la courbe foetale d’un temple de l’art, le regard sensible suit les courbes
d’un cycle qui ignore l’idée de fin et de début. L’Horizon rouge de Thomas Paquet est
uncrépuscule infini. Il manifeste l’immortalité du rouge, sa saveur haptique offre à notre oeil une
surface de velours. C’est un tapis volant soudain métamorphosé en peinture murale. Comment
ne paspenser au rouge des fresques de la villa des Mystères à Pompéi, devant l’écrin que
l’oeuvre procure aux robes mythiques de Valentino surnommé l’Empereur du rouge ?
Michel Poivert
Texte écrit pour l’exposition « Orizzonti Rosso » 25 mai - 30 sept 2025
Fondazione Valentino Garavani et Giancarlo Giammetti - Rome, Italie
Vue d'installation
Exposition - Orizzonti Rosso - Pm23, Fondation Valentino Garavani et Giancarlo Giammetti, Rome, 2025
Vue d'installation
Exposition - Orizzonti Rosso - Pm23, Fondation Valentino Garavani et Giancarlo Giammetti, Rome, 2025
Horizon #9, 2019
Tirage à l’agrandisseur sur papier RC d’aprés négatif 4x5 inch
118 x 94 cm
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118 x 94 cm
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39,3x30,3 cm
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9 films à développement instantané
39,3x30,3 cm
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Horizon #4, 2019
Tirage à l’agrandisseur sur papier RC d’aprés négatif 4x5 inch
118 x 94 cm
Édition 3 + 1EA
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